Dans l’atelier de # Bintou Dembélé

Comment êtes-vous devenue chorégraphe ?
Je ne sais plus, je pense que cela correspond à une urgence de dire à un besoin d’inscrire la création au plus proche de ma réalité de banlieusarde, queer et afro descendante. Je ne voyais pas grand chose qui me permettait de m’épanouir.


Y-a-t-il un livre, un film ou une musique qui vous a marquée lorsque vous étiez enfant ?

J’ai été marquée par des films comme King-Kong, Tarzan ou encore La couleur pourpre. Les musiques de Michael Jackson, Claude François ou Bob Marley. Mais j’ai appris ce que ces films cachaient comme réalités coloniales, exotisantes et violentes. J’apprends aussi que de nombreux artistes font l’objet d’une toute autre réalité que celle qui nous fait rêver. Nous n’avions que des livres achetés dans le cadre de demandes scolaires à la maison, je suis venue tard à la lecture.


Avez-vous un.e artiste (auteur, compositeur, réalisateur…) de référence ?
Non, cela varie en fonction de mes besoins, désirs, envies. En ce moment, j’apprécie beaucoup le travail du réalisateur Barry Jenkins. Mais cet été, j’ai découvert l’artiste Bisa Butler. Ne pas avoir de références me permet de rester ouverte sur des surprises inattendues.


Quelles sont vos sources d'inspirations ?
En ce moment, la quête du silence. Plus je m’en approche, plus j’ai de la créativité. Je pars du silence intérieur, la possibilité d’être à l’écoute de soi.


Comment naissent et se développent vos projets ?
Souvent dans des moments de tension, des moments où je me sens démunie, sans réponse.


Un souhait à réaliser et/ ou une envie de collaboration ?
Nous sommes dans une période de chaos assez dense, je rêve de pouvoir m’isoler et réaliser une retraite pour collaborer avec la nature. Je pense au livre de Dénètem Touam Bona "La sagesse des lianes, cosmopoétique du refuge" qui vient de paraître chez Postéditions.


Pouvez-vous nous dire un mot de vos projets en cours ?

Il s’agit d’un solo que je devais performer mais mon père est décédé en avril 2020 des suites de Parkinson. Tout ce que je faisais jusqu’à présent s’adressait à lui. Je cherche d’autres fondations et à attiser une autre lumière en moi. Je vais donc trouver une autre personne pour être sur scène pour ce nouveau projet.


On est un peu curieux, acceptez-vous de nous montrer l’endroit où vous travaillez ? Une petite photo ?
Je suis constamment en mouvement, je ne travaille jamais très longtemps au même endroit. Actuellement je suis en résidence à l’Université de Chicago (photo ci-dessus).

 


Portrait de lectrice


« Que lisez-vous en ce moment ? »

En ce moment je lis « la langue retournée de la culture » de Michel Simonot et j’alterne avec « l’imagination africaine en musique » de Kofi Agawu.


« Citez un endroit où vous aimez lire ? »
J’aime bien lire dans le train ou le métro, mais je préfère chez moi en soirée.


« Quel est votre plus vieux souvenir de lecture ? »
Je me souviens que je me rendais dans une grande surface à Saint-Michel-Sur-Orge pour lire des bandes dessinées comme Rahan ou Astérix et les gaulois.


« Que lisiez-vous étant adolescente ? »

Ce sont les bandes-dessinées des Marvel et des Comics que je me procurais d’occasion dans un marché.


« Avez-vous un livre de chevet ? »
Non


« Quels sont vos auteur.e.s préféré.e.s ? »
Mes artistes préférés sont Meshell N’Dégeocello, Kaytranada pour la musique, Toni Morrison pour les romans, Barry Jenkins, Steve Mc Queen et Alice Diop pour le cinéma, Kehinde Wiley et Bill Viola pour l’art contemporain, Pénélope Bagieu pour la bande-dessinée, Denis Darzacq, Gordon Parks et Zanele Muholi pour la photographie.


« Le fait de travailler avec le public enfant / adolescent a-t-il une signification particulière pour vous ? »

Je travaille peu avec le public Enfant / Adolescent car les sujets que j’aborde peuvent paraître durs pour ceux qui les accueillent.
Quand je le fais, c’est pour les accompagner et être à l’écoute sur les questions liées au racisme, au fait colonial et l’avenir qui s’annonce sombre.

 


Retrouvez  "le syndrome de l'initié", un spectacle de Bintou Dembélé, le Mercredi 26 janvier à 20h30 à l' Espace 93

Durée 55 minutes

Avec "le Syndrome de l’initié", Bintou Dembélé réinvente la notion de rite. Elle convoque la mémoire du corps pour panser et penser sa vie. En réunissant des disciplines – la danse, la voix, la musique – qui lui tiennent à cœur, elle dessine un passage vers des territoires introspectifs. A la recherche de la lumière que chacun porte en soi.