L'artiste photographe et naturaliste, Nicolette Humbert, dévoile ses secrets de création !

Alors que le comité pour la petite-enfance, qui croise regards des professionnelles et bibliothécaires jeunesse en vue de choisir les livres empruntables à la médiathèque (et rangés dans l'espace jeunesse) s'apprête à recevoir vendredi 2 juin 2023 l'autrice et photographe Nicolette Humbert, l'artiste s'est pliée au jeu de l'interview.

Elle nous dévoile ce qui se trame derrière la création et d'où lui vient la volonté de travailler sur ce sujet : la nature !

Comment êtes-vous devenue autrice et photographe ?

Un déclic, un jour que je me promenais en campagne, comme souvent (pour ne pas dire toujours), à l’affût d’une photographie « nature ».
Je rencontre un troupeau de jeunes vaches, dans un décor qui me plaît, avec une belle lumière. Je commence à photographier. Un des veaux ose s’approcher suffisamment de moi. Je lui « tire » le portrait.

Sur place, mais surtout lorsque je découvre après-coup la photographie sur écran, je suis frappée par l’émotion qu’il s’en dégage, par sa forte présence due à son regard.

Il me regarde.

Nous sommes du même monde.

 

Pourquoi avez-vous fait le choix de vous adresser au jeune public ?

L’émotion procurée par ce premier portrait du veau, je l’ai connu autrefois, enfant.

Mon amour de la campagne et des animaux vient de là, et de cet amour naît un profond respect pour la nature de manière générale : animaux et humains, arbres… Nous sommes tous sur la même planète, nous faisons partis d’un même monde, dont chacun doit pouvoir entrer en interaction dans le plus grand respect des uns envers les autres.

Pourquoi ne pas offrir aux enfants cette émotion que j’ai vécu à leur âge, à travers une série de portraits d’animaux, aux regards saisissants ?

C’est la naissance de A la ferme (Veau, vache, cochon dans la nouvelle édition, coll. Tout-petits photo)

 

Y-a-t-il un livre qui vous a marqué lorsque vous étiez enfant ?

Il n’y avait pas de livres pour enfants à la maison. Très peu de livres tout simplement. Les seuls dont je me souvienne sont Le petit prince de Saint-Exupéry et Croc blanc de Jack London que j’ai lus, chacun en une journée à l’âge de 12 ans.

Pour les albums avec des images, ce sont les albums photos de famille qui ont fait office de. Des photos en noir-et-blanc au contour blanc dentelé. Des hommes et des femmes que je ne connaissais pas. Mais surtout des regards qui portaient à l’imagination : Qui étaient-ils ? Comment étaient-ils ? Etaient-ils gentils ? Quelle vie avaient-ils eu ?

Des histoires et des histoires à imaginer, à se raconter…

 

Avez-vous un auteur de référence ?

Quand je pense photographe, je pense Raymond Depardon, le "Raymond Depardon" discret, proche des hommes qu’il a photographiés et filmés, dans leur vie, dans leur milieu, souvent dans leur solitude ou leur douleur.

En même temps, je pense aux photographes de la "Farm Society Administration", et plus particulièrement à Walker Evans et ses photographies des fermiers dans la crise de 1929, des hommes dans le métro, ou dans la rue partant à leur travail…

J’ai été très touchées par les livres de Dominique Darbois, Parana, le petit indien, Maïda, la petite cubaine, Tacho, le petit mexicain... (dans la collection « Enfants du monde), qui donnent aux enfants à découvrir d’autres enfants d’autres pays et d’autres cultures. Il y a dans ces livres, à l’approche photographique à hauteur d’enfant, beaucoup de respect et de bienveillance.

 

Quelles sont vos sources d'inspirations ?

La nature et les enfants.

 

Comment naissent et se développent vos projets ?

Ils émergent un jour sans que je m’y attende, engendrée par ma volonté de porter à la connaissance des tout-petits le « beau » du monde qui nous entoure, dans une approche photographique singulière : au classique documentaire, mon souhait est d’influer la gestuelle du voir, du voir autrement. Comprendre et connaître passent chez moi par le « savoir voir ».

 

Un souhait à réaliser et/ ou une envie de collaboration ?

J’ai eu beaucoup de plaisir à illustrer Il faut le dire aux abeilles avec Sylvie Neeman, l’auteure.

Et j’aurais le plaisir d’une nouvelle aventure du même genre.

Mais je ne suis pas en recherche de collaboration. En photographie, je suis solitaire, voire intimiste.

Personne n’est au courant aux prémisses (même pas mon éditrice !) de ce sur quoi je travaille, comme si l’évoquer avant de réaliser était le risque encouru d’enfermer trop tôt le sujet dans une forme.

Or un projet grandit, évolue avant d’être fixé définitivement. Je veux avoir toujours cette liberté du changement qu’impose une photographie non construite, non mise en scène, dépendante de la rencontre avec les éléments naturels, l’émotion et la création du sens comme guides.

 

Pouvez-vous nous dire un mot de vos projets en cours ?

Toujours aussi proche de la nature…

 

On est un peu curieuse, acceptez-vous de nous montrer votre bureau ? Une petite photo ?

La nature est mon lieu de « travail ». Voici un coin de ce lieu : mon jardin aux beaux jours…

 Jardin Nicolette Humbert Que s'est Il passé ? La Joie De Lire

La photo est extraite de l'album Que s'est-il passé ? © Edition la Joie de lire

 

Quelques livres de Nicolette Humbert disponibles à la Médiathèque de Bagnolet

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