Coline Pierré est invitée par le comité ado dans le cadre du festival Hors Limites  samedi 02 avril 2022. En attendant sa venue,  faisons mieux connaissance avec elle à travers ses réponses à notre questionnaire " Dans l'atelier de...".

Coline Pierré pourriez-vous nous raconter comment vous êtes devenue autrice ?  J’écris depuis l’enfance. Quand j’avais 10/11 ans, j’écrivais des histoires avec une bande de copains, au collège de petits romans. Adolescente, j’ai tenu des journaux intimes, des blogs, écrit des centaines de chansons, un récit, des nouvelles… J’ai commencé des tas de romans, mais j’abandonnais au bout de quelques chapitres. Je n’avais pas vraiment conscience qu’écrivain était un « vrai métier », mais je savais en tout cas que je voulais un travail en lien avec l’écriture, parce que ça a toujours été pour moi une manière plus facile de m’exprimer que l’oral. Quand je parle, je perds mes mots, je bafouille, je suis intimidée, j’ai beaucoup de mal à débattre par exemple, alors que quand j’écris, c’est comme si mes idées se mettaient en place, qu’elles se rangeaient toutes seules.  J’ai donc pensé faire du journalisme, et puis je suis devenue rédactrice. Au bout de quelques années, j’ai commencé à me dire que je n’avais pas envie de faire ça toute ma vie, et je me suis remise plus sérieusement à écrire de la fiction.

 

Pourquoi avez-vous fait le choix de vous adresser au jeune public ?  Au départ, c’est presque un hasard. Je ne lisais plus vraiment de littérature jeunesse et quand j’écrivais c’était plutôt, dans ma tête, à destination des adultes. Mais un jour une idée m’est venue et il était évident que ça n’allait pas vraiment intéresser des adultes (un enfant qui veut apprendre à ronronner). Alors je me suis mise à écrire ce texte en me disant « pourquoi pas la jeunesse après tout ? », d’autant que je n’arrivais toujours pas à aller au bout de mes projets « adultes ». J’ai eu la chance de trouver une maison d’édition qui a accepté de le publier. Ça m’a permis de redécouvrir la littérature jeunesse et ado, et de me rendre compte que j’adorais ça, que j’adorais parler aux enfants, que c’était un lieu hyper créatif, et surtout que c’était l’endroit où je me sentais vraiment à ma place.

D’une certaine manière, je crois que ça faisait un pont parfait entre mon envie d’écrire et mon goût de la transmission (j’avais à de nombreuses reprises envisagé de devenir prof ou institutrice mais je ne m’imaginais pas avec une classe toute l’année).

 

Avez-vous un auteur ou une autrice de référence ?  J’ai une tendresse particulière pour Roald Dahl et pour Boris Vian, car ce sont tous deux des auteurs très vastes. Roald Dahl écrit en jeunesse et en adulte, Boris Vian a fait des romans, du théâtre, des chansons, de la musique, des chroniques, de la poésie… Ils ont une pratique et une conception de la littérature qui est dans la recherche et l’expérimentation, ils sont dans une gourmandise très enfantine, s’autorisent à mélanger les genres et les arts, à aller vers toutes sortes de disciplines, et puis ils ont une écriture très accessible, poétique, drôle, très inventive, fantaisiste, politique. Ce sont des enfants dans des corps d’adulte. Je me sens proche de leur façon d’envisager le métier d’écrivain.

J’aime aussi énormément la poétesse Sylvia Plath qui me touche beaucoup dans sa langue et son rapport au monde (désespéré, critique, féroce, poétique…)

 

Quelles sont vos sources d'inspirations Rien en particulier mais tout en général ! Je travaille très peu à propos d’événements historiques, de faits réels ou de faits divers, j’aime plutôt partir de mon imaginaire. Et pour nourrir mon imaginaire, je lis, je regarde des films et des séries, j’écoute les autres, mes proches, ma famille, des inconnus, mon propre ressenti, je puise partout autour de moi. Plus généralement, j’essaie de poser un regard sur le réel qui viendrait en extraire et en décaler certaines de ses étrangetés, ses contradictions, ses problèmes…

 

Comment naissent et se développent vos projets Il y a toujours une idée qui m’accroche au départ, un sujet, une phrase, une situation, un personnage… Une idée qui me vient un jour et qui m’enthousiasme beaucoup, qui éclaire quelque chose, qui résonne, alors je la note dans un coin de carnet et puis je la laisse traîner parce que je n’ai pas forcément l’esprit disponible pour la développer tout de suite. Et puis j’aime bien laisser infuser les idées, ça permet de voir si elles sont plus ou moins bonnes. Alors j’y reviens de temps en temps, parfois ça me semble sans intérêt quelques semaines plus tard,  ou je ne comprends même plus ce que je voulais dire, et d’autres fois une idée va commencer à se cristalliser dans un coin de mon esprit et ne plus le quitter. J’y pense en prenant ma douche ou en lisant un livre, je prends quelques notes par-ci par-là. Et à un moment je sens que c’est le bon moment, que c’est maintenant, que j’ai envie de démarrer ce projet-ci alors je me lance !

 

Un souhait à réaliser et/ ou une envie de collaboration ? Je suis en train de créer une lecture avec un danseur, j’espère qu’elle verra bientôt le jour ! J’aimerais beaucoup écrire des chansons, faire de la bande dessinée et pourquoi pas un scénario de film. (Comme je disais : j’ai une conception gourmande de la création :-))

 

Pouvez-vous nous dire un mot de vos projets en cours  Je viens de terminer un livre de littérature générale, une fiction qui met en scène la poétesse Sylvia Plath dans une vie qu’elle aurait pu avoir si elle ne s’était pas suicidée à 30 ans. J’espère qu’il paraître en 2021.

J’ai aussi participé à un recueil de nouvelles jeune adulte, « Elle est le vent furieux » où il est question d’un vengeance de la nature. Le projet a été initié par l’écrivaine Marie Pavlenko et le livre sort en janvier chez Flammarion Jeunesse. Je travaille donc aussi en ce moment sur ce projet de lecture dansée et sur quelques albums jeunesse en collaboration avec des illustrateur·ices, et je commence à réfléchir à une nouvelle idée de roman pour adolescents.

 

Merci beaucoup Coline d'avoir répondu à nos questions !

Pour découvrir le "portrait de lectrice" de l'autrice. C'est sur notre blog Jeune et je lis et c'est ici 

 

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