Aujourd'hui c'est avec Nastasia Rugani que nous faisons mieux connaissance. L'occasion d'en savoir plus sur l'autrice de "Tous les héros s'appellent Phénix" dont le roman et l'adaptation bd avaient été beaucoup appréciés par les lecteurs de notre comité ado.

Comment êtes-vous devenue autrice ? J’ai encore du mal à dire « écrivaine » (que je préfère à « autrice »). Il ne suffit pas d’être publié. Et en même temps, je ne suis pas grand-chose quand je n’écris pas. C’est à la fois pathétique et vrai. Je crois que mon roman "Milly Vodović" a autorisé quelque chose. J’ai creusé des mondes, j’ai avancé dans mon écriture. Mais tout cela reste bancal. Je ne suis pas encore à la hauteur.

Pourquoi avez-vous fait le choix de vous adresser au jeune public ? J’ai choisi d’envoyer mon premier manuscrit à l’École des loisirs car c’était une maison pour laquelle j’avais beaucoup d’affection. Je ne connaissais pas et connaît encore assez mal le monde éditorial. Ce n’est pas mon univers. Avec le temps, j’ai appris que mon domaine se trouve en enfance.

Au moment de l’écriture, le lecteur n’intervient pas. Mes personnages pensent à leurs désirs. Ceux qui viennent à mon imaginaire sont jeunes, et je me dois donc de respecter leurs réalités. Je ne l’envisage pas comme un choix. Je ne crois pas aux frontières en littérature. C’est simplement mon organe d’écriture qui habite un lieu peuplé d’enfants et d’adolescents. Dans la vie, je les trouve souvent plus intéressants. Je sais que tout cela a un rapport avec « le vrai », la sincérité de leur pensée même la plus détestable. On ne se cache pas en enfance, ou alors on y est forcé.

Avez-vous un auteur ou une autrice de référence ? Une obsession, oui. Toni Morrison.

Quelles sont vos sources d'inspirations ? Tout est source d’inspiration. Les paysages, les chaises chez quelqu’un, les cultures d’un autre pays, le timbre d’une voix, le geste d’un animal, un regard dans un bus. Quand j’ai l’impression de manquer d’impulsion, je cherche l’étrangeté dans un film, un clip vidéo, une photo, une illustration, quelque chose de politique et de surprenant qui offre une vision du monde, une vision singulière.

Comment naissent et se développent vos projets ? Une histoire naît toujours d’un personnage, de son intériorité qu’il me confie. D'où vient-il ? Il est sans doute le fruit de mes affinités, de mes bouleversements et de quelque chose d’autre, d’inattendu, que je ne comprends pas et souhaite explorer et saisir. Souvent, il y a plusieurs voix. Elles s’installent dans mon organe d’écriture. Mon travail est de tisser des liens entre ces parcelles étrangères. Tout ceci ne doit pas être très clair. J’ai du mal à expliquer ce qui est plutôt instinctif.

Lorsque j’ai l’impression que l’architecture du roman est solide, je commence l’écriture pure – le meilleur moment.

Un souhait à réaliser et/ ou une envie de collaboration ? Une adaptation théâtrale ou cinématographique. Illustrer le travail des autres et le mien, ici et à l’étranger. Voyager. 

Pouvez-vous nous dire un mot de vos projets en cours ? Un roman devrait paraître chez Gallimard jeunesse, dans la collection Scripto, en juin 2021. Et je construis l’architecture du prochain avec l’aide d’une splendide bourse du Centre National du Livre.

 

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